Dans la solitude de mon atelier, ma forteresse, se noue et se dénoue mes souvenirs, mes influences, le métissage, la nature sauvage de mon île, autant de racines conscientes et inconscientes.

Et alors se mettent à danser dans ma tête les formes abruptes des montagnes qui se dessinent au-delà de ma fenêtre, les couleurs qui m’entoure frappée du soleil écrasant de l’hémisphère sud.

Le ressac grondant des vagues découpant les côtes. Les pluies battantes ravageant tout, laissant le sol nu prêt a accueillir une vie nouvelle.

Tout est prétexte à la création le vent faisant frémir les feuilles des palmiers. La fraîcheur de la terre d’un sous-bois tapissée par ses invasives se dressant, comme en apesanteur, à la faveur du soleil.

Ces arbres se parant de lianes grimpantes, parure végétale sublime. La vie inattendue qui s’ancre dans un milieu hostile.

Quand je ne parle pas je laisse mes mains s’exprimer, divaguer, expérimenter la matière, afin qu’une sensibilité s’en dégage.

La détourner, la rendre méconnaissable, créer l’inattendu, pour surprendre, déranger, interroger, et finalement renouer avec la parole, susciter un désir, voir naître une pulsion, de l’émotion .

Depuis ma fenêtre j’assiste chaque jour, chaque nuit à ce bal permanent et je m’émerveille, je m’inspire de la beauté du tout et du rien. Cherchant à me saisir de la fragilité de chaque chose. 

Kelly🍀